L’homme en bleu me marche sur le pied, je ne dis rien. J’ai quitté mon corps depuis longtemps, happée par l’approche du grand départ. On se presse autour de moi, ça pousse, ça râle, c’est l’heure de pointe. Tel un papillon posé au plafond j’observe. Pourquoi cette dame s’entête-t-elle à vouloir passer derrière moi ? Mon esprit vogue au-dessus de la cordillère des Andes. Elle est belle. Gare de Saint-Denis, attention à la fermeture des portes. J’y suis presque. Je ferme les yeux et sens le soleil brésilien me chauffer la peau. Aéroport Charles-de-Gaulle, terminus. Je traverse l’aérogare, enregistre mon sac, grimpe dans l’avion, colle mon visage contre le hublot. Quelle belle idée de tout plaquer pour partir en voyage. L’Amérique du Sud me tend les bras, je m’en vais m’y lover avec plaisir, m’envelopper dans la douceur des rencontres, me vautrer dans l’observation des jours qui s’étirent sans objectif.  VMC aux portes, armement des toboggans, préparez-vous au décollage. C’est parti.

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