Elle lève les yeux de son livre. De tout son corps seules ses pupilles ont bougé, de sorte que personne ne peut se rendre compte qu’elle observe les hommes du couloir. De toute façon ils lui tournent le dos. Veste noire, pantalon noir, épaules voutées, elle croit voir deux clones tristes qui supportent le poids du monde. Elle replonge dans son livre posé sur ses genoux. Son pantalon aussi est noir, de même que son manteau et son sac. Elle se dit qu’elle aurait pu faire un effort en s’habillant, mais à quoi bon ? Personne ne la regarde jamais. Elle s’est bien rendu compte en sortant de chez elle ce matin que la voisine avait l’impression de la voir pour la première fois. Ça fait pourtant trois ans qu’elles habitent l’une en face de l’autre. Champs-Elysée-Clémenceau, attention à la fermeture des portes. Elle se lève d’un bond et se jette sur la porte mais c’est trop tard, elle a loupé sa station. La femme qu’elle vient de bousculer la fusille du regard. Elle cherche le soutien de quelqu’un qui aurait trouvé la situation comique et lui adresserait un petit sourire, en vain. Miromesnil. Elle descend et court, elle est retard maintenant.

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